Le notaire Solonet disait déjà à Mme Évangelista : La robe du contrat contient selon moi la moitié des donations. Aussi habilla-t-elle même Natalie Le Contrat de mariage 1836, Pl, t. III, p 557. Garçon peu assidu à lécole, Antoine préfère faire lécole buissonnière avec son copain René dans les fêtes foraines de la place de Clichy ou au cinéma. Suite à un petit larcin, il se retrouve en maison de correction, parvient à senfuir et goûte pour la première fois son entière liberté. Les Quatre-cents coups a tout dun film cathartique pour Truffaut, qui y projette ses frustrations denfants, ses aspirations et révoltes. Il y confie son manque damour, malgré une mère attachante, son évasion dans limaginaire, son admiration pour Balzac et le cinéma dOrson Wells. Courroucerait une femme vulgaire sera pour vous, jen suis sûr, une Lisez-moi, je vous en conjure, avec indulgence? Il sagit ici dun des problèmes les plus intéressants de la vie humaine, dune crise à laquelle ont été soumis la plus grande partie des hommes, et que je voudrais expliquer, ne fût-ce que pour allumer un phare sur cet écueil. Cette belle lady, si svelte, si frêle, cette femme de lait, si brisée, si brisable, si douce, dun front si caressant, couronnée de cheveux de couleur fauve et si fins, cette créature dont léclat semble phosphorescent et passager, est une organisation de fer. Quelque fougueux quil soit, aucun cheval ne résiste à son poignet nerveux, à cette main molle en apparence et que rien ne lasse. Elle a le pied de la biche, un petit pied sec et musculeux, sous une grâce denveloppe indescriptible. Elle est dune force à ne rien craindre dans une lutte ; nul homme ne peut la suivre à cheval, elle gagnerait le prix dun steeple chase sur des centaures ; elle tire les daims et les cerfs sans arrêter son cheval. Son corps ignore la sueur, il aspire le feu dans latmosphère et vit dans leau sous peine de ne pas vivre. Aussi sa passion est-elle tout africaine ; son désir va comme le tourbillon du désert, le désert dont lardente immensité se peint dans ses yeux, le désert plein dazur et damour, avec son ciel inaltérable, avec ses fraîches nuits étoilées. Quelles oppositions avec Clochegourde! Lorient et loccident, lune attirant à elle les moindres parcelles humides pour sen nourrir, lautre exsudant son âme, enveloppant ses fidèles dune lumineuse atmosphère ; celle-ci, vive et svelte ; celle-là, lente et grasse. Enfin, avez-vous jamais réfléchi au sens général des mœurs anglaises? Nest-ce pas la divinisation de la matière, un épicuréisme défini, médité, savamment appliqué? Quoi quelle fasse ou dise, lAngleterre est matérialiste, à son insu peut-être. Elle a des prétentions religieuses et morales, doù la spiritualité divine, doù lâme catholique est absente, et dont la grâce fécondante ne sera remplacée par aucune hypocrisie, quelque bien jouée quelle soit. Elle possède au plus haut degré cette science de lexistence qui bonifie les moindres parcelles de la matérialité, qui fait que votre pantoufle est la plus exquise pantoufle du monde, qui donne à votre linge une saveur indicible, qui double de cèdre et parfume les commodes ; qui verse à lheure dite un thé suave, savamment déplié, qui bannit la poussière, cloue des tapis depuis la première marche jusque dans les derniers replis de la maison, brosse les murs des caves, polit le marteau de la porte, assouplit les ressorts du carrosse, qui fait de la matière une pulpe nourrissante et cotonneuse, brillante et propre au sein de laquelle lâme expire sous la jouissance, qui produit laffreuse monotonie du bien-être, donne une vie sans opposition dénuée de spontanéité et qui pour tout dire vous machinise. Ainsi, je connus tout à coup au sein de ce luxe anglais une femme peut-être unique en son sexe, qui menveloppa dans les rets de cet amour renaissant de son agonie et aux prodigalités duquel japportais une continence sévère, de cet amour qui a des beautés accablantes, une électricité à lui, qui vous introduit souvent dans les cieux par les portes divoire de son demi-sommeil, ou qui vous y enlève en croupe sur ses reins ailés. Amour horriblement ingrat, qui rit sur les cadavres de ceux quil tue ; amour sans mémoire, un cruel amour qui ressemble à la politique anglaise, et dans lequel tombent presque tous les hommes. Vous comprenez déjà le problème. Lhomme est composé de matière et desprit ; lanimalité vient aboutir en lui, et lange commence à lui. De là cette lutte que nous éprouvons tous entre une destinée future que nous pressentons et les souvenirs de nos instincts antérieurs dont nous ne sommes pas entièrement détachés : un amour charnel et un amour divin. Tel homme les résout en un seul, tel autre sabstient ; celui-ci fouille le sexe entier pour y chercher la satisfaction de ses appétits antérieurs, celui-là lidéalise en une seule femme dans laquelle se résume lunivers ; les uns flottent indécis entre les voluptés de la matière et celles de lesprit, les autres spiritualisent la chair en lui demandant ce quelle ne saurait donner. Si, pensant à ces traits généraux de lamour, vous tenez compte des répulsions et des affinités qui résultent de la diversité des organisations, et qui brisent les pactes conclus entre ceux qui ne se sont pas éprouvés ; si vous y joignez les erreurs produites par les espérances des gens qui vivent plus spécialement par lesprit, par le cœur ou par laction, qui pensent, qui sentent ou qui agissent, et dont les vocations sont trompées, méconnues dans une association où il se trouve deux êtres, également doubles ; vous aurez une grande indulgence pour les malheurs envers lesquels la société se montre sans pitié. Eh! bien, lady Arabelle contente les instincts, les organes, les appétits, les vices et les vertus de la matière subtile dont nous sommes faits ; elle était la maîtresse du corps. Madame de Mortsauf était lépouse de lâme. Lamour que satisfaisait la maîtresse a des bornes, la matière est finie, ses propriétés ont des forces calculées, elle est soumise à dinévitables saturations ; je sentais souvent je ne sais quel vide à Paris, près de lady Dudley. Linfini est le domaine du cœur, lamour était sans bornes à Clochegourde. Jaimais passionnément lady Arabelle, et certes, si la bête était sublime en elle, elle avait aussi de la supériorité dans lintelligence ; sa conversation moqueuse embrassait tout. Mais jadorais Henriette. La nuit je pleurais de bonheur, le matin je pleurais de remords. Il est certaines femmes assez savantes pour cacher leur jalousie sous la bonté la plus angélique ; cest celles qui, semblables à lady Dudley, ont dépassé trente ans. Ces femmes savent alors sentir et calculer, presser tout le suc du présent et penser à lavenir ; elles peuvent étouffer des gémissements souvent légitimes avec lénergie du chasseur qui ne saperçoit pas dune blessure en poursuivant son bouillant hallali. Sans parler de madame de Mortsauf, Arabelle essayait de la tuer dans mon âme où elle la retrouvait toujours, et sa passion se ravivait au souffle de cet amour invincible. Afin de triompher par des comparaisons qui fussent à son avantage, elle ne se montra ni soupçonneuse, ni tracassière, ni curieuse, comme le sont la plupart des jeunes femmes ; mais, semblable à la lionne qui a saisi dans sa gueule et rapporté dans son antre une proie à ronger, elle veillait à ce que rien ne troublât son bonheur, et me gardait comme une conquête insoumise. Jécrivais à Henriette sous ses yeux, jamais elle ne lut une seule ligne, jamais elle ne chercha par aucun moyen à savoir ladresse écrite sur mes lettres. Javais ma liberté. Elle semblait sêtre dit : Si je le perds, je nen accuserai que moi. Et elle sappuyait fièrement sur un amour si dévoué quelle maurait donné sa vie sans hésiter si je la lui avais demandée. Enfin elle mavait fait croire que, si je la quittais, elle se tuerait aussitôt. Il fallait lentendre à ce sujet célébrer la coutume des veuves indiennes qui se brûlent sur le bûcher de leurs maris. Quoique dans lInde cet usage soit une distinction réservée à la classe noble, et que, sous ce rapport, il soit peu compris des Européens incapables de deviner la dédaigneuse grandeur de ce privilége, avouez, me disait-elle, que, dans nos plates mœurs modernes, laristocratie ne peut plus se relever que par lextraordinaire des sentiments? Comment puis-je apprendre aux bourgeois que le sang de mes veines ne ressemble pas au leur, si ce nest en mourant autrement quils ne meurent? Des femmes sans naissance peuvent avoir les diamants, les étoffes, les chevaux, les écussons même qui devraient nous être réservés, car on achète un nom! Mais, aimer, tête levée, à contresens de la loi, mourir pour lidole que lon sest choisie en se taillant un linceul dans les draps de son lit, soumettre le monde et le ciel à un homme en dérobant ainsi au Tout-Puissant le droit de faire un Dieu, ne le trahir pour rien, pas même pour la vertu ; car se refuser à lui au nom du devoir, nest-ce pas se donner à quelque chose qui nest pas lui? que ce soit un homme ou une idée, il y a toujours trahison! Voilà des grandeurs où natteignent pas les femmes vulgaires ; elles ne connaissent que deux routes communes, ou le grand chemin de la vertu, ou le bourbeux sentier de la courtisane! Elle procédait, vous le voyez, par lorgueil, elle flattait toutes les vanités en les déifiant, elle me mettait si haut quelle ne pouvait vivre quà mes genoux ; aussi toutes les séductions de son esprit étaient-elles exprimées par sa pose desclave et par son entière soumission. Elle savait rester tout un jour, étendue à mes pieds, silencieuse, occupée à me regarder, épiant lheure du plaisir comme une cadine du sérail et lavançant par dhabiles coquetteries, tout en paraissant lattendre. Par quels mots peindre les six premiers mois pendant lesquels je fus en proie aux énervantes jouissances dun amour fertile en plaisirs, et qui les variait avec le savoir que donne lexpérience, mais en cachant son instruction sous les emportements de la passion. Ces plaisirs, subite révélation de la poésie des sens, constituent le lien vigoureux par lequel les jeunes gens sattachent aux femmes plus âgées queux ; mais ce lien est lanneau du forçat, il laisse dans lâme une ineffaçable empreinte, il y met un dégoût anticipé pour les amours frais, candides, riches de fleurs seulement, et qui ne savent pas servir dalcohol dans des coupes dor curieusement ciselées, enrichies de pierres où brillent dinépuisables feux. En savourant les voluptés que je rêvais sans les connaître, que javais exprimées dans mes selam, et que lunion des âmes rend mille fois plus ardentes, je ne manquai pas de paradoxes pour me justifier à moi-même la complaisance avec laquelle je mabreuvais à cette belle coupe. Souvent lorsque, perdue dans linfini de la lassitude, mon âme dégagée du corps voltigeait loin de la terre, je pensais que ces plaisirs étaient un moyen dannuler la matière et de rendre lesprit à son vol sublime. Souvent lady Dudley, comme beaucoup de femmes, profitait de lexaltation à laquelle conduit lexcès du bonheur, pour me lier par des serments ; et, sous le coup dun désir, elle marrachait des blasphèmes contre lange de Clochegourde. Une fois traître, je devins fourbe. Je continuai décrire à madame de Mortsauf comme si jétais toujours le même enfant au méchant petit habit bleu quelle aimait tant ; mais, je lavoue, son don de seconde vue mépouvantait quand je pensais aux désastres quune indiscrétion pouvait causer dans le joli château de mes espérances. Souvent, au milieu de mes joies, une soudaine douleur me glaçait, jentendais le nom dHenriette prononcé par une voix den haut comme le : Caïn, où est Abel? de lÉcriture. Mes lettres restèrent sans réponse. Je fus saisi dune horrible inquiétude, je voulus partir pour Clochegourde. Arabelle ne sy opposa point, mais elle parla naturellement de maccompagner en Touraine. Son caprice aiguisé par la difficulté, ses pressentiments justifiés par un bonheur inespéré, tout avait engendré chez elle un amour réel quelle désirait rendre unique. Son génie de femme lui fit apercevoir dans ce voyage un moyen de me détacher entièrement de madame de Mortsauf ; tandis que, aveuglé par la peur, emporté par la naïveté de la passion vraie, je ne vis pas le piége où jallais être pris. Lady Dudley proposa les concessions les plus humbles et prévint toutes les objections. Elle consentit à demeurer près de Tours, à la campagne, inconnue, déguisée, sans sortir le jour, et à choisir pour nos rendez-vous les heures de la nuit où personne ne pouvait nous rencontrer. Je partis de Tours à cheval pour Clochegourde. Javais mes raisons en y venant ainsi, car il me fallait pour mes excursions nocturnes un cheval, et le mien était un cheval arabe que lady Esther Stanhope avait envoyé à la marquise, et quelle mavait échangé contre ce fameux tableau de Rembrandt, quelle a dans son salon à Londres, et que jai si singulièrement obtenu. Je pris le chemin que javais parcouru pédestrement six ans auparavant, et marrêtai sous le noyer. De là, je vis madame de Mortsauf en robe blanche au bord de la terrasse. Aussitôt je mélançai vers elle avec la rapidité de léclair, et fus en quelques minutes au bas du mur, après avoir franchi la distance en droite ligne, comme sil sagissait dune course au clocher. Elle entendit les bonds prodigieux de lhirondelle du désert, et, quand je larrêtai net au coin de la terrasse, elle me dit : Ah! vous voilà! 2018 Ιδιοκτησία: VOLCANO VIEW AE. All rights reserved. Roger Pierrot : Autour de César Birotteau. Documents inédits, Le Courrier balzacien, n 44, 1991-3, p 18-24. Un couple comme celui que forment Pons et Schmucke est acceptable quand les effets de leur lien reste purement sentimental, mais il est à détruire absolument quand il cherche à exister contre les familles et sur le plan matériel! Le second a épousé le globe! Le troisième sest incarné un peuple Vous êtes donc par là? cria le comte qui venait à nous, la tête nue. Tard dans une nouvelle intitulée Le Rendez-vous, conçue dès la fin 1829, publiée dans La Revue César 1976 : sélection au César du meilleur réalisateur pour LHistoire dAdèle H. A. Dabord, comme une scène de roman : la première rencontre, lieu commun du genre. Destin incarne donc une jeune fille fictive, celle du morceau dEllington, temps. Nous pouvons reconnaître dans le fils, le caractère travailleur et En poursuivant votre navigation sur les sites du groupe Sophia Publications, vous acceptez Elle regarda sa fille dun air étonné, elle croyait que, pour me garder près delle, sa fille éteignait en moi toute ambition. Le séjour que fit la duchesse de Lenoncourt à Clochegourde fut un temps de gêne perpétuelle. La comtesse me recommandait le décorum, elle seffrayait dune parole doucement dite ; et, pour lui plaire, il fallait endosser le harnais de la dissimulation. Le grand jeudi vint, ce fut un jour dennuyeux cérémonial, un de ces jours que haïssent les amants habitués aux cajoleries du laissez-aller quotidien, accoutumés à voir leur chaise à sa place et la maîtresse du logis toute à eux. Lamour a horreur de tout ce qui nest pas lui-même. La duchesse alla jouir des pompes de la cour, et tout rentra dans lordre à Clochegourde. Dans aucun écart. Puis jamusais le comte, je fus une pâture à ce 2019 Copyright France-examen-Reproduction sur support électronique interdite nous éprouvâmes lengourdissante influence de cette double poésie : Laissez-moi croire, lui dis-je, que je nobéis quà vous! manuscrit 16 feuillets de la sixième partie intitulée révèle dans sa composition même la volonté qua Balzac de transformer Le texte parle dun coup de foudre entre Manon Lescaut et le chevalier des Grieux. Le chevalier est décrit comme une personne raisonnable dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ligne 10. Il est aussi plus âgé que Manon Lescaut : Quoiquelle fut encore encore moins âgée que moi ligne 12-13. Manon Lescaut était envoyée par sa famille à Amiens pour y devenir religieuse.