La clientèle des bordels était très diversifiée. Toutes les couches sociales, des maçons aux personnes de bonne famille, les côtoyaient, aussi bien les hommes mariés que les jeunes célibataires. Les entremetteuses jouaient de tout leur art pour emmener ces hommes dans les endroits de luxures. Certaines allaient même jusquà voler le chapeau de leur victime pour lobliger à entrer dans les auberges et ainsi profiter de son argent grâce à des paroles et des gestes affriolants9. On dit souvent que la prostitution est le plus vieux métier du monde, bon, cest une connerie mais ça veut bien dire quelle ne date pas dhier. Certains se plaisent à penser que dès la préhistoire, les femmes vendaient leur corps en échange de nourriture. Moi, je vois ça comme un flirt, une offrande, plutôt que comme de la prostitution mais si vous avez des infos ou des liens à ce propos, je veux bien réviser mon jugement. Se procurer de largent. La société dailleurs nous Précisons que la sévérité des poursuites engagées contre le maquerellage, comme la vigueur de sa condamnation morale, ne sont pas tant un effet du rôle joué par les entremetteuses auprès des prostituées que de laction de captation quelles étaient susceptibles dexercer sur les épouses et les filles de familles convenables. À Abbeville, on accompagne la mise en accusation de maquerellage dun rite dhumiliation public. En 1478, une femme nommée Belut Cantine fut menée mistrée en ung benel âne par les quarrefours et ses cheveux bruslez au pillory et, pour ce fait, bannye de ladite vile et banlieue sur le feu, a tousjours pour avoir voulu attirer Jehanette, fille Witaxe de Queux, à aller en compagnie dun nommé Franqueville, homme darmes de la garnison dAbbeville,. A mi-chemin entre Nantes et les stations balnéaires de la Côte de Jade, Le Pellerin se situe en bord de Loire aux portes du Pays-de-Retz. Historienne : Dans ces sociétés esclavagistes, seul le plaisir des maîtres existait, car il était le seul à contribuer à la puissance de lEtat. Lesclave concourait dailleurs à intensifier ce plaisir. Il nétait pas condamnable, ni même répréhensible, de vendre des êtres humains : son enfant, garçon ou fille, sa mère, sa sœur, voire soi-même. Avec lesclavage, le commerce des humains générait la recherche de personnes à prostituer : guerres, rapts, razzias de pirates et de bandes organisées fournissaient un abondant personnel aux proxénètes et à tous les amateurs dans lensemble du bassin méditerranéen. Dès la petite enfance on pouvait être rentable pour son propriétaire, et souvent celui-ci consacrait temps et argent afin de parfaire les qualités sociales et les compétences érotiques de ses protégés dans lespoir dun profit maximum des hommes ou des femmes de bonne famille tiraient même profit de la beauté de leurs esclaves en les prostituant dans un coin isolé de leur domicile. Lhistoire des plaisirs de la chair manger, boire et faire lamour dans la démocratique Athènes est une étude de la jouissance des sens que procure aux hommes de la cité le marché des corps et de la table sur les vases attiques du-Vè siècle, la représentation des ménades ivres en permanence, jouant du tambourin et chantant la joie de chasser les chèvres, les adoratrices et nourrices de Dionysos dieu de lextase et de tous les sucs vitaux dont le sperme, il est celui qui permet à ses fidèles de dépasser la mort, est très proche de celles des courtisanes vouées au culte dAphrodite déesse dérivée de la sumérienne Inanna, elle symbolise tant le plaisir de la chair que lamour spirituel, pure et chaste dans sa beauté ; les femmes étaient tant ses victimes que ses instruments destinés aux hommes car, elle-même mariée à Héphaïstos, elle eut de multiples aventures extraconjugales. Le banquet athénien de lépoque classique, le lieu par excellence des plaisirs de la chair, avait recours à des professionnels des deux sexes. Les épouses et les filles de citoyens étant par leur statut exclues des festivités de l andrôn, il était dans lordre des choses que les femmes admises à partager la couche des dîneurs et à contribuer à leurs divertissements soient exclusivement des professionnelles, pornai prostituées ou hetairai compagnes rétribuées dune façon ou dune autre, pour leurs prestations. Rappelons tout de suite que lérotisme masculin est à aborder dans la sphère de la consommation vénale de partenaires féminins ou masculins : lhétérosexualité nétait pas uniquement confinée à la reproduction de l oikos la maison et de la polis la cité et lhomosexualité masculine était aussi concernée par le marché du sexe. Même si la liaison de léraste, ladulte, et de léromène, le pais lenfant qui na pas encore de poil au menton, ne relevait pas du marché des corps, mais de la paideia, de léducation, des adolescents apparaissent en grand nombre dans liconographie du banquet où ils faisaient les échansons chargés de servir à boire aux personnages de haut rang et le service de la table, et ils étaient, bien plus souvent que des éromènes amants, des professionnels venus du marché du sexe. De leur côté, les femmes qui accompagnaient les hommes en société fermée aux femmes honnêtes et qui avaient reçu à cette fin une certaine éducation dont étaient privées les femmes en général étaient dites compagnes. Ces hétaïres courtisanes de luxe étaient de riches affranchies ou des étrangères qui faisaient, librement, commerce de leur corps. Elles circulaient librement et menaient une vie indépendante, contrairement aux femmes mariées, mais elles nobtenaient jamais le statut de citoyennes. Comme disait un contemporain : Les hétaïres nous les avons pour le plaisir, les concubines pour les soins de tous les jours, les épouses pour avoir des enfants légitimes pour perpétuer le nom et recueillir le patrimoine du père et garder fidèlement le foyer. Les femmes étaient donc classées dans la société non par les critères sociaux, mais par leur rôle sexuel. Ainsi, dans le monde des plaisirs, à Athènes comme ailleurs, la hiérarchie des professionnelles a toujours un grand nombre déchelons, ainsi la distinction entre pornai et hetairai devient obsolète. Ce sont toutes des prostituées. Toutefois, la première différence, essentielle, porte sur le mode de rétribution des prestations. La pornê était payée en argent par ses clients souvent représentés sur les vases la bourse à la main, l hetaira recevait des cadeaux de ses hetairoi compagnons et de ses philoi amis. Dans le premier cas, il y avait échange anonyme de marchandises : ce que vendait la pornê, son corps, son sexe, accessoirement ses talents artistiques, était une marchandise et elle était, elle-même, une marchandise. Cette dernière était tarifée, quil sagisse de la personne il y a des professionnelles nommées une obole, deux drachmes ou du type de passes demandées par le client, la kubda, la pénétration anale, ayant le prix standard le moins élevé. Dans le second cas, des cadeaux étaient échangés entre des personnes liées entre elles par la philia, un terme qui dit moins la relation sentimentale que lappartenance à un groupe engagé dans des liens de réciprocité. Aux dons de ses philoi qui assuraient son entretien, l hetaira répondait par un contre don. Le contenu et le montant du don et du contre don étaient à la discrétion des donateurs. Une hetaira navait pas les mêmes exigences et les mêmes gracieusetés vis à vis de tous ses philoi. Elle avait, en revanche, intérêt à ce que soit respecté ce mode de rétributions de ses prestations et à déployer toute une stratégie pour garder lamitié hors du marché, car il y allait de son rang. Aussi, lorsquelle acceptait de se faire payer en argent, et que sa position dans le monde des plaisirs lui permettait de le faire, elle exigeait des sommes fabuleuses mille drachmes pour une nuit ce qui ne faisait quaccroître son prestige et confirmer sa place dans la hiérarchie. Le deuxième paramètre à considérer est la nature et la durée des services demandés. Dans tous les cas, la copulation faisait partie du jeu, mais elle pouvait être associée à dautres prestations comme le chant, la danse ou la conversation, voire des soins divers. La location pouvait être opérée par un ou plusieurs clients et sa durée pouvait aller de la simple soirée à celle dun ensemble de festivités. Entre la pornê qui était payée à la passe rapport sexuel tarifé entre la prostituée et son client, terme à rapprocher de faire une passade, qui désigne une rencontre fortuite et qui devait accepter tous les clients et l hetaira qui avait un nombre restreint de philoi assidus et qui devait être séduite pour accorder ses faveurs, léchelle était longue et ses degrés bien flottants. Le troisième paramètre à considérer lorsquil sagit de distinguer la pornê de l hetaira était léconomie du regard. A Athènes, la réclusion dans lespace privé était le signe dun statut et même dun rang social : lAthénienne, la fille épouse mère de citoyen, était dissimulée à tous les regards, à labri de ses vêtements et des murs de l oikos de son père puis de son mari. Lespace de l hetaira oscillait entre ces deux extrêmes quétaient lespace public de la pornê et lespace privé de lépouse. La pornê était exposée aux regards de tous : son corps était dénudé pour lexhibition du bordel puis lors de ses prestations de musicienne et de danseuse ; elle nétait pas rattachée à un oikos et partageait la promiscuité du bordel. L hetaira avait une résidence personnelle, mais ce nétait pas une recluse enfermée dans la maison. Elle nexhibait pas son corps ; au contraire, lorsquelle sortait, elle le couvrait pour en garder toute sa valeur. Lorsquune hetaira était prise comme concubine pallakê, elle perdait son ambivalence : elle devenait une femme de lintérieur, traitée comme une épouse et astreinte au même comportement. Lopposition hetaira pornê a donc été mise en place en Grèce archaïque, pendant la période où les banquets aristocratiques constituaient une anti-cité avec ses propres règles et ses propres conventions. Alors que la cité adoptait le système monétaire, lanti-cité aristocratique le refusait et entendait garder lorganisation de ses plaisirs hors du marché. Situer les échanges entre l hetaira et ses hetairoi dans le champ du don et du contre don relèverait donc plus du politique que de léconomique. Selon le droit athénien, lhomme libre qui se prostituait dans une relation homosexuelle, comme prostitué ou comme courtisanamant perdait la capacité dexercer une fonction publique et de fréquenter les lieux publics tout comme celui qui avait frappé ou négligé ses parents, celui qui navait pas pris part aux expéditions militaires ou avait jeté son bouclier, celui qui avait dévoré les biens de ses parents ou tout autre héritage, la violation de ces interdits étant punie de mort. La raison de ces règles se trouve dans le rôle social que jouait la pédérastie. On déduisait en outre de la prostitution dun homme, lengloutissement de son héritage, notamment par une insatiable soif des plaisirs et les dépenses que génère labsence de maîtrise de soi. La passion de la bonne chair opsophagia, des joueuses d aulos, des courtisanes et du jeu, amène à accepter de sinstaller chez son amant pour jouir de tout cela gratuitement et toucher un misthos, devenant de fait un courtisan hetairikos. Ce genre de citoyen était considéré comme un prostitué parce quil faisait commerce de son corps et comme un efféminé parce quil était insatiable dans sa quête des plaisirs. Ce quon lui reprochait nétait pas son comportement sexuel mais sa situation de dépendance vis-à-vis des amants chez lesquels il sétait installé, une situation qui était celle dune femme vis-à-vis de son mari, entretenu par autrui parce que son corps ne lui appartenait plus et parce quil avait perdu toute liberté de parler et dagir. Ainsi, la métamorphose dun amant devenant homme après avoir été femme na rien de sexuel, elle est simplement dû à un changement de situation économique et de position sociale : après avoir été entretenu par un amant, le prostituécourtisan devient à son tour suffisamment riche pour entretenir à son tour un amant. Mais un hetairikos citoyen qui impose à son amant des dépenses considérables dans la vie privée doit nécessairement le payer de retour dans la vie publique. Comme le parasite le asumbolos, qui ne paye pas son écot avec son sponsor, l hetairikos entretient avec son amant une relation de dépendance politique, ailleurs on dirait de clientèle. Cela aboutit dans tous les cas à la même conclusion : comme lavait prévu le législateur, la prise de parole dun débauché qui sest vendu à ses amants ne peut rien apporter de bon à la communauté. Parallèlement à cela, la prostitution féminine nétait pas punie, car elle remplissait une fonction socialement utile rempart contre ladultère. Loffre et la vente des corps se déroulaient dans des lieux publics, rigoureusement séparés de lespace privé de loikos la maison et considérés comme des zones de commercialisation, des espaces magiques qui transforment les humains en produits. Cétaient évidemment les rues de la cité où les épouses, les femmes mariées selon les règles et soucieuses de leur réputation, ne saventuraient que par nécessité et cachées sous un épais manteau. Cétait là que déambulaient en revanche, soffrant à tous les regards, des troupeaux de péripatéticiennes prostituée qui arpente le trottoir, par allusion plaisante au verbe grec signifiant se promener, qui inspira les péripatéticiens, les partisans de la doctrine dAristote qui apprenaient en marchant et en regardant la vie autour deux : gephuris fille des ponts, dromas coureuse, peripolas vagabonde Les murs, les portes, les places et le port de la cité étaient particulièrement fréquentés. Il semble que le quartier du Céramique avec sa porte le Dipylon, son cimetière et ses jardins était un haut lieu du commerce du sexe. Parmi les racoleuses de lespace public, les auletrides, les joueuses daulos une sorte de hautbois, étaient les moins chères et les plus méprisées même si certaines dentre elles parvinrent à sélever dans la hiérarchie de la prostitution. Elles pouvaient en effet être distinguées dans des écoles de musique, sans doute sans grande qualité artistique, mais très prisées par un public masculin assidu. Les rues dAthènes étaient dures : les bagarres pour se procurer une professionnelle étaient très fréquentes et les dîneurs se disputaient particulièrement les musiciennes indispensables à leur fête. Pour canaliser les pulsions naturelles des jeunes gens et protéger les femmes mariées, Solon le grand démocrate fit lacquisition de femmes esclaves, les installa dans différents quartiers de la cité près des remparts ou dans les quartiers populeux pour les offrir à tout le monde dans le cadre détablissements municipaux même si très vite purent souvrir des établissements privés, soumis à autorisation et redevables de taxes. Protégées par les autorités, les maisons publiques versaient en échange une redevance, le pornikon. Avec cette taxe, Solon fit construire un temple à Aphrodite Pandémos lAphrodite commune à tous ; au-delà de ça, la prostitution sacrée était pratiquée auprès de certains temples et à leur profit, patronne des plaisirs tarifés. Pour que lordre public soit respecté, les astynomoi, les dix magistrats qui en étaient chargés, devaient veiller à lapplication de la loi : les joueuses daulos et autres musiciennes ne devaient pas profiter de la compétition dont elles étaient lobjet pour faire monter les prix. En effet, le prix forfaitaire pour une nuit ne devait pas dépasser deux drachmes et si des hommes se disputaient la même professionnelle, cette dernière était tirée au sort sans être consultée. Celui qui payait plus était passible dune eisangélie, une action judiciaire qui concernait les délits politiques. Dans une cité démocratique, le marché du sexe devait être ouvert à tous, sans distinction de fortune! Ainsi, le bordel était un lieu public où se pratiquait légalement le commerce du sexe féminin. Le terme normal pour le désigner depuis Solon est ergasterion, atelier non pas que du sexe, car il était aussi un atelier de filature et de tissage ce qui doublait sa rentabilité. Des hommes et des femmes sont quelquefois décrits comme assis dans un oikêma, une stalle siège de théâtre, mais aussi espace limité par des cloisons, notamment réservé à un cheval dans une écurie individuelle dont la porte souvre directement sur la rue, ce qui laisserait supposer quil sagissait dune institution légèrement différente de celle du bordel mais que la porte soit modestement fermée ou ouverte pour un show, la profession de loccupant ne faisait pour le passant aucun doute. La forme la plus dépréciée de prostitution était celle que pratiquaient les femmes en se vendant au bord des routes ou dans les bordels. Cétait notamment le cas des pornai, des prostituées de basse condition. Ce nom vient du verbe vendre, car les prostituées étaient au départ des esclaves achetées sur le marché par des proxénètes femmes et installées dans de petites cellules quun simple rideau fermait pendant la passe. Pour autant, les esclaves pouvaient espérer pour certaines dentre elles, les plus belles et talentueuses changer de statut, passer de la condition desclave à celle daffranchie : cétait alors pour une prostituée accéder à la propriété, propriété de son corps, propriété de ses biens et propriété de ses enfants quelle pouvait désormais garder si elle le désirait. Comme en Grèce, la prostitution du latin prostituere : mettre devant, exposer au public était tolérée à Rome tout en faisant lobjet dune réprobation sociale. Pour autant Caton lAncien homme de la République pourtant réputé pour sa sévérité, disait à des mâles sortant du lupanar : Bravo! Courage! Cest ici que les jeunes gens doivent descendre, plutôt que de pilonner les épouses des autres à Rome, les dicterions lupanars étaient considérés comme lieux dasile et, par la suite, reconnus inviolables ; dans leur enceinte, les hommes mariés ne pouvaient y être accusés dadultère, un père ne pouvait y chercher son fils pas plus que le créancier poursuivre son débiteur ; de même, après la morosité du règne augustéen, les mœurs se libérèrent brutalement pendant les premières années du règne de Tibère et on vit même un sénatus-consulte de 19 se plaindre, entre autres déviances, quaucune fille libre de moins de 20 ans navait le droit de se prostituer contre un salaire. La prostitution, très fréquente et totalement admise rejetée certes, mais tolérée quand même puisquaucun homme ne se cachait pour aller au bordel, était peu onéreuse. A Rome, les professionnels femmes ou hommes se rencontraient dans les lieux publics tels que les forums, les portiques, les théâtres, les auberges et bien sûr les lupanars du mot louve, le surnom des prostituées, évocateur de la bestialité sexuelle ; leurs chambres étaient ordinairement construites sous terre et voutées, fornix, doù est dérivé le mot fornication. Les maisons closes étaient encadrées par lEtat au nom de lintérêt public pour éviter que les jeunes gens ne se ruent sur les femmes mariées. Au-delà des créatures aussi vénales quaffolantes quétaient les courtisanes de comédie, ou encore ces figures de demi-mondaines que célébraient les poètes, sans parler des princesses impériales comme Julie ou Messaline, dont les historiens anciens dénonçaient à plaisir les incartades sexuelles la nuit dans Rome, les hommes eux-mêmes étaient accusés de se prostituer comme César et son ami Mamurra dont Catulle prétend quils disputaient leurs clients aux filles des rues. Toutes ces figures peuplent la Rome imaginaire de nos contemporains, dont ils font volontiers une société orgiaque et décadente. Toutefois, le mot de prostitution renvoie tantôt au commerce réel des corps tantôt à des pratiques sexuelles transgressives par rapport aux normes de la société romaine. Les rapports économiques à Rome, en effet, comme dans bien des sociétés traditionnelles, pouvaient relever soit du don et du contre-don, soit de léchange marchand. Dans le premier cas les services sexuels étaient inclus à Rome dans des relations de clientèle il sagissait dun officium, dun devoir, de laffranchie à son ancien maître, dans lautre il sagissait dune véritable prostitution, dun commerce monnayé. À cela sajoutait une autre situation économique : celle de lesclave qui était une marchandise et dont le corps était à la disposition de son maître les lois condamnant les maîtres qui prostituaient leurs esclaves étaient si peu efficaces quelles furent souvent reproclamées du Ier au IVè siècle. La prostitution ainsi définie limitée aux seuls échanges marchands des corps pouvait être le fait soit desclaves, loués par leur maître, soit daffranchies, soit dhommes et de femmes libres car nés libres ceux que les Romains appellent ingenui, des ingénues qui vendaient leurs prestations sexuelles. En fait les seules prostituées dont le droit et la morale se souciaient étaient les ingénus, faisant commerce de leurs corps de façon ouverte et notable. En effet, dune façon générale l impudicitia volontaire et en particulier la prostitution, ne pouvait déshonorer quun homme ou une femme susceptibles dêtre honorables, ce que nétaient pas les affranchies. Finalement la prostitution au sens strict était à Rome quantitativement moins importante que dans nos sociétés égalitaires et démocratiques. Et elle nétait problématique que pour les prostituées ingénues. Puisque des corps serviles, ou affranchis, masculins et féminins étaient disponibles en grand nombre, aussi bien dans les demeures des hommes libres que dans les maisons de prostitution, comment se fait-il que des femmes nées libres aient renoncé à leurs privilèges et statut de matrones? Comment se fait-il aussi que la société ait institutionnalisé ce renoncement en prévoyant denregistrer officiellement ces prostituées dorigine libre? La réponse à cette question tient à la place et la nature des loisirs otium voluptueux dans la vie romaine et au coût des plaisirs quils imposaient. Cest pourquoi penser la prostitution romaine doit se faire dabord en termes de dépenses somptuaires. Dailleurs les Romains ne censuraient jamais lusage des prostituées proprement dites pour des raisons morales mais prétextaient toujours de raisons économiques : payer des prostituées menaçait les patrimoines comme toutes les autres dépenses en argent destinées aux plaisirs de lotium trop dhommes libres donnèrent tous leurs biens à une courtisane au point que le droit interdit les legs en leurs directions. Malgré le blâme moral adressé aux prodigues excessifs, les dépenses destinées aux plaisirs de lotium et en particulier largent payé aux prostituées étaient à Rome une nécessité culturelle, la culture du plaisir étant constitutive de lotium. En effet, il était convenu au sein de la culture romaine que les jeunes hommes non mariés pouvaient et devaient sadonner aux divers plaisirs associés au banquet : le vin, la bonne chair et les filles ou les garçons. Ces plaisirs juvéniles navaient pas lieu, en général, dans la maison du père mais dans les maisons de prostitution à cause de leur caractère exceptionnel et excessif. Un ou une esclave assez jolie pour nêtre quun objet de plaisirs coûtait trop cher pour être présente dans de nombreuses maisons, et les multiplier menait à la ruine. Cest pourquoi la cité avait besoin de prostituées pour ses plaisirs. Ainsi à côté de la population servile toujours sexuellement disponible, les Romains faisaient appel à des prostituées libres afin de donner une dimension somptuaire, luxueuse, indispensable aux plaisirs raffinés qui constituait ce pôle indispensable de la vie civilisée quétait l otium urbanum, les loisirs de la ville. Les prostituées appartenaient donc à la population urbaine et étaient des composantes indispensables à la civilisation telle que la concevaient les Romains, au même titre que le vin, la musique, la cuisine, les parfums et tous les autres plaisirs du banquet. La prostitution était donc une pratique non pas sexuellement mais culturellement nécessaire à Rome. Le système symbolique de Rome servait à représenter lérotisme des corps libres, féminins et masculins. Alors que la cité marquait dinfamie ces hommes et ces femmes nés libres se livrant à la prostitution les privant du droit dhériter aussi bien que de porter plainte pour viol ou insultes, créant ainsi une catégorie inférieure de citoyens, ils exerçaient une fonction précise. Ces parias de la société romaine, toujours efféminés, servaient à marquer les marges de lhumanité civilisée dans la continuité, à définir les hommes, libres et adultes et donc masculins, par ce quils ne sont pas mais ce quils pourraient par malheur être, devenir des efféminés ou leur équivalent, des prostituées libres. Les prostituées libres assumaient donc une fonction symbolique qui était dêtre lautre du soldat comme lacteur est lautre de lorateur. Un épisode du mythe de Romulus et Rémus est associé à ce rituel : les jeunes Luperques reproduiraient les deux jumeaux, guerriers et bergers nomades, avant la fondation de la Ville, élevés sur un Palatin encore sauvage par une prostituée, lupa Accia Laurentia, à qui la beauté de ses formes et la voracité de son appétit charnel avaient attiré cette qualification de la part de ses voisins, compagne dun berger, après avoir été allaités bébés par une véritable lupa-louve. Le loup figure la vertu militaire, le corps sacré du jeune soldat, la louve incarne le corps prostitué de lun ou lautre sexe. Que la louve soit devenue lanimal emblématique de Rome montre comment était centrale la figure de la prostitution féminine ou masculine indifféremment à Rome : elle structurait lespace féminin et urbain, en sopposant à la matrone domestique, et lespace masculin de la guerre en sopposant au soldat dailleurs, une fois par an, les femmes de la noblesse romaine étaient obligées de soffrir au premier venu pour le prix quils décidaient ; de même, bien que les filles publiques portaient une toge ouverte sur le devant et une mitre jaunes, couleur de la honte et de la folie, leurs chaussures étaient rouges jusquà ce quAdrien réservât cette dernière couleur aux seuls empereurs sous laspect du pourpre, couleur très chère car issue du coquillage murex. Lempire byzantin, héritier de Rome, continua longtemps de tolérer les formes les plus visibles de prostitution il faut rappeler que dans le domaine familial, lusage oriental doffrir les esclaves de la maison aux hôtes de passage était un gage dhospitalité, puisquil existait même à Constantinople un théâtre appelé Pornas où lon donnait des spectacles débridés. Ainsi, Théodora 508-548, élevée dans un porneion une maison de prostitution puis membre dun groupe de comédiens légers, usa de ses charmes pour sélever dans la société, obtenant même en 524 labrogation de la loi qui interdisait à un patricien de se marier avec une actrice elle étant plus quà fond dans son rôle de courtisane dinfanterie. Elle devint ainsi la femme du futur empereur Justinien et influença alors la vie politique pendant plus de vingt ans, poussant son mari à diriger lEtat dune main de fer. Mais elle noublia pas son passé, car en matière de prostitution, son grand empereur de mari fut très innovateur. Il stipula en 531 dans son Corpus Juris Civilis que tous les proxénètes tels les souteneurs et les maquerelles de macalrellus : dans les anciennes comédies à Rome, les proxénètes de la débauche portaient des habits bigarrés ; ce nom na été donné à lun de nos poissons de mer maquereau que parce quil est bariolé de plusieurs couleurs sur le dos seraient punies sévèrement sils étaient trouvés coupable de pratiquer ces métiers. Pour la première fois, une loi sattaquait aux problèmes de la prostitution par ces racines. Par le fait même, les lois interdisant aux ex-prostituées de se marier furent également abolies. Mais ce code de loi ne faisait pas allusion aux prostituées elles-mêmes. En fait, cette loi visait essentiellement à faire sortir les prostituées des maisons closes. Afin de réussir son projet, il devait évidemment faire plus, cest pourquoi il mit sur pied le premier centre de réadaptation sociale, nommé Metanoia qui voulait dire se repentir. Mais malgré ces efforts considérables, le programme fut un échec. De quoi confirmer la réputation de Byzance, cette cité du vice et de la perversion. Je profite de cette correction pour signaler quà lexception des reproductions danciennes cartes postales, tombées dans le domaine public ou de quelques logos Envoyer à ladresse e-mail Votre nom Votre adresse e-mail Messeigneurs ont ordonné que Margue Estienne femme Thomassin le Pletier, sera mise au pillory et aura les cheveux brullez et si sera bannye a toujours de la ville et banlieue dAmiens pour ce que comme marquerele elle consenti que Mariette sa fille aisnée et Mariette sa fille maisnée aient este en plusieurs lieux et places de ladite ville ou elle les a menées. Ou elles ont eu compaignie carnele a plusieurs hommes et a reçu a son proufit largent que lesdis hommes donnaient à ses dites filles. Ces dispositions furent par la suite confirmées à plusieurs reprises. Les interdictions
Les filles et les femmes handicapées ont de 1,5 à 10 fois plus de risques dêtre maltraitées que les femmes valides. Source :
Il est nécessaire de lutter contre la prostitution, souvent liée à Mais attention, si en Mésopotamie, cest une action sacrée ou au moins complètement acceptée dans la société, la prostitution dans les civilisations gréco-romaines nest pas aussi bien vue. Pour autant, durant lantiquité grecque la prostitution est largement répandue et elle nest pas interdite. On tente ceci-dit de la contrôler et surtout, on ne mélange pas les mamans et les putains. Démosthène écrit au IVème siècle, Nous avons les courtisanes en vue du plaisir, les concubines pour nous fournir les soins journaliers, les épouses pour quelles nous donnent des enfants légitimes et soient les gardiennes fidèles de notre intérieur. Pour trouver des putes, cest assez simple, il suffit daller dans les ports des grandes cités grecques comme aujourdhui autour des gares et des grands axes de circulation ou dans des bordels low-cost mis en place et autorisés par Solon. En effet, il sagit de maisons de passes étatiques dont les revenus tombent directement dans la caisse de létat Pratique. En revanche, la prostitution prend plusieurs formes en Grèce : il y a les esclaves pornai qui appartiennent souvent à lEtat et se retrouvent dans les bordels de Solon, les indépendantes, les hétaïres Notre enfance a pas été facile, dû à lalcoolisme puis à la violence quon a vécus de notre père, puis ma mère, elle, cest la 12 Malgré sa capacité daccueil et sa situation idéale, le Castelletto perdit pourtant assez rapidement sa capacité à exercer un monopole des amours vénales : dès le XVe siècle les autorités enregistrent un début dexode de la prostitution au-delà de ses frontières légales. Département du Cher était du fief des ducs de Bourbonnais, notamment Saint-Amand Montrond si je ne mabuse? Par le 2 décembre 2013 Le débat sur labolition de la prostitution, qui devrait aboutir à un vote ce 4 décembre à lAssemblée, déchaîne les passions du moins. Et pour cause : pour beaucoup, ce que lon désigne de manière péremptoire comme le plus vieux métier du monde fait partie de la culture populaire. Ainsi la prostituée plus rarement le prostitué est-elle lun des avatars les plus récurrents dans lhistoire de la représentation de la femme dans lart. Panorama en 10 œuvres, dIshtar à ORLAN. La prostitution rurale est florissante. Les femmes vont de village Tous nos textes sont présentés sur et nos livres ont une version : Lendemain du Grand Soir ; La philosophie south-parkoise, ça troue le cul!! ; Bouquin Coquin et Taquin dune Catin et dun Libertin ; Photograffities dExpressions Murales : Pierres Philosophales
diamétralement opposés en mettant laccent sur les conséquences sociales qui en découlent. Il sagit de lexpérience de lAustralie, dont plusieurs États Cinéaste majeur de lhistoire du cinéma, Leo Mc Carey demeure trop méconnu dun large public en France. Redécouvrons Les Cloches de Sainte-Marie 1945 Dans les pays ayant opté pour la légalisation de la.